mardi 29 novembre 2011

Doge Pietro Loredan (1567-1570)

Des signes avant-coureurs de guerre obscurcirent l'horizon au moment où Pietro Loredan montait sur le trône ducal.
L'année précédente, Soliman le Magnifique était mort laissant le trône à son fils Sélim l'ivrogne, qui prépara une expédition contre l'île de Chypre.
Malheureusement un magasin à poudre fit explosion à l'arsenal et provoqua un incendie qui détruisit une grande partie des navires qu'on était en train d'équiper.
Le bruit courut que les Turcs étaient à l'origine de ce désastre.
Sélim déclara la guerre à Venise.
Au moment où les galères armées allaient prendre la mer le doge Pietro Loredan mourut.
Venise et ses doges - H. Gambier

Corte del Batocchio - S Croce

De l'art de contourner les obstacles...Corte del Batocchio - S Croce


samedi 26 novembre 2011

Les boutiques de cafés



Elles apparurent à Venise au XVIIème siècle et leur nombre augmenta au XVIIIème.
Au début elles étaient basses, sans ornement ; on peut en trouver un exemple dans cet espace de vin, qui devint un café célèbre au pont de l'Angelo. En dépit de cela, ils étaient très fréquentés surtout en période de carnaval par les gens et les masques. Parmi les principaux, on pouvait compter : le Florian, l'Aurora, celui delle Rive, celui du ponte della Guerra Il y en avait de nombreux qui, comme les "malvasie" et les "magazzini" avaient de petites chambres, interdites à plusieurs reprises par le gouvernement, comme nous le verrons, où se tenaient des jeux de hasard et théâtre de toutes les obscénités Plusieurs mesures furent prises contre les licences accordées aux cafés. On essaya même d'en interdire l'accès aux femmes. Voilà pourquoi Baffo déborde en ces lamentations :
"C'était grande belle chose
de voir dans ces boutiques
un défilé de toutes ces dames richement vêtues
Oh dieu! quel changement triste et ennuyeux"
et plus loin :
"mais combien de temps ça va tenir
que les dames n'aillent plus au café!
je ne m'y ferai jamais, je vous l'assure"
De plus, on ordonna aux cafés d'enlever les chaises sous les procuraties à minuit et de fermer les boutiques à deux heures.
Baffo revient à la charge de cette manière :
"on ne peut même plus rester dehors
parce qu'on y interdit les sièges…"
Un autre satirique note la sottise et l'inutilité de telles mesures à une époque où l'immoralité avait envahi toutes les classes sociales. C'était comme vouloir fermer l'étable alors que les bœufs s'étaient déjà échappés.
Anecdotes historiques vénitiennes" - 1897 -Giuseppe Tassini - Merci à Claude Soret pour ses traductions.

Sestiere Santa Croce




Murs et pierres de Venise



mardi 22 novembre 2011

Les chevaliers servants


C’était l’habitude, dans les siècles passés, que les femmes mariées aient leur chevalier servant, même si l’on dit que cela venait quelque peu, remettre en question le contrat nuptial.
Le matin, le chevalier allait réveiller la dame, lui donner le bon jour, lui servant de serviteur, allant même jusqu’à lacer son corset. Il la guidait ensuite dans sa promenade et le soir, l’accompagnait à quelque réception ou au théâtre. Là, il lui tenait compagnie dans sa loge et lorsque la représentation se terminait, il l’accompagnait encore à la rive pour réveiller le gondolier assoupi , lui donnait le bras pour monter dans la gondole et la reconduisait à la maison d’où il ne partait qu’après l’avoir vue étendue sur sa couche.
Invoquons un poète satirique de l’époque : 
Permettre qu’il lui prenne le buste
Sans plus incommoder la femme de chambre
Le voir dans sa chambre encore le soir
Jusqu’à ce que sur le lit elle s’étende
A mon avis, c’est une chose malhonnête…
Avec tout çà, les dames juraient et parjuraient , qu’en dehors de quelques baisers ou d’autres petites libertés, elles ne concédaient rien à leurs chevaliers
Ceux ci se rendirent tellement nécessaires dans les familles que, parfois, par amour de la paix domestique, le bon mari devait aller prier le cavalier de venir faire la paix avec lui même.
Curieuses sont les paroles que Goldoni met dans la bouche de Pantalone dans sa comédie " Les femmes pointilleuses " :
La conversation d’une dame et de son chevalier servant est à mourir de rire. Elle est là, dure comme un roc à se laisser adorer. Celui-ci soupire pour elle, se met à ses genoux, lui tend les plats, lui donne son mouchoir, lui baise la main, lui donne le bras, lui sert de secrétaire, de femme de chambre, la parfume, l’asperge, la cajole, l’assiste….Elle, elle le tient à ses pieds, le réduit en esclave; idolâtre de sa beauté. Son sexe triomphe
Anecdotes historiques vénitiennes" - 1897 -Giuseppe Tassini - Merci à Claude Soret pour ses traductions.

Riflessi e pesci : une découverte, je ne pensais pas que les rii étaient autant "habités"






vendredi 18 novembre 2011

L'Eglise et la pratique musicale

Le clergé italien comprenait les prêtres et leur hiérarchie, des moines et des religieuses, un clergé régulier dans les ordres non monastiques et les prêtres séculiers.
Le clergé régulier, jésuites, somasques et scolopi, occupait une position dominante ;
le clergé séculier un élément vital de l'intelligentsia.
Des laïcs "pieux" entouraient le clergé, regroupés en corporations variées (confraternita, scuola, congregazione, accademia) mais poursuivant les mêmes objectifs : charité, piété, prosélytisme.
L'Eglise a donc été le principal employeur des musiciens. Toute église possédait sa cappella ou coro avec à sa tête un maestro di cappella.
Les effectifs musicaux permanents d'une église était assez élevés pour les services du dimanche.
Le couvent de San Lorenzo ne possédait pas de coro mais célébrait la fête de leur saint avec un choeur extérieur et un orchestre recruté pour l'occasion ; les deux orgues se faisant face dans la nef, chacun était entouré par son propre coro.
En 1643, à San Marco, il y avait 35 chanteurs a cappella pour 18 instruments.
Venise, qui en tant que République, n'avait pas de cour et où dans les cérémonies publiques la musique n'avait rien d'ostentatoire, fit de l'église ducale de San Marco le dépositaire d'une expression culturelle autonome. On observait un rite censé découler de l'ancien rite aquiléen : d'où la mise en musique de textes étrangers au rite romain.

Doges de 1539 à 1567

Palais des Doges : Façade qui limite la petite cour des Sénateurs , oeuvre de Scarpagnino et Spavento (début XVIe s)
Pietro Lando 1539-1545 - Francesco Donato 1545-1554 - Antonio Trevisan 1554 -
Francesco Venier 1554-1556 - Lorenzo Priuli 1556-1559 - Girolamo Priuli 1559-1567

La Réforme qui bouleversa et ensanglanta les grandes puissances de l'Europe s'arrêta loin des lagunes et rien de remarquable n'eut lieu entre 1539 et 1567.
Les six doges n'ont eu d'autres buts que de donner la plus longue durée possible à cette période de paix qui fut propice au développement des lettres et des arts et à l'embellissement de la ville.
Sansovino, Scarpagnino, Sanmicheli, Palladio et leurs disciples élevèrent clochers, églises, scuole et palais que l'innombrable pléiade des peintres guidés par les Palma, les Titien, les Tintoret, les Bassano décoraient de leurs fresques et de leurs toiles.
On acheva la majestueuse Bibliothèque de Saint-Marc, le palais de la Monnaie, la cour du Palais des Doges; on éleva les palais Loredano, Cornaro, Dolfin, Da Ponte, Grimani, la loggetta.
Les fêtes que Venise donnait pour célébrer les glorieux anniversaires de son histoire attiraient les étrangers par leur originalité et leur somptuosité.
Venise et ses doges - H. Gambier

Vierge à l'enfant