dimanche 5 février 2012

Quelques extraits de "Trois mois à Venise" d'Ambroise Tardieu, historiagraphe de l'Auvergne (1840-1912)

Scène de carnaval - Giandomenico Tiepolo
"Le célèbre carnaval de Venise fleurit encore. J'étais arrivé la veille des fêtes. Vraiment ce carnaval fait contraste avec la tristesse qui règne en France pendant cette époque de plaisir. Il faut voir Venise le jour du mardi gras. Pendant le jour aucun travestissement ; la police s'y oppose mais dès 8heures du soir, les rues sont sillonnées de gens masqués, costumés. Partout des mots spirituels, des plaisanteries. Le vénitien a de l'esprit, du goût, de l'originalité. Bientôt la place Saint Marc est couverte de 40 000 spectateurs. C'est vraiment féerique. On allume des gerbes de gaz à des candélabres spéciaux placés, dès la veille, sur la place qui est couverte d'oriflammes. Au milieu de cette dernière s'élève une plate-forme construite en planches pour la circonstance. C'est là, qu'au milieu d'une excellente musique, deux mille masques dansent, sautent à qui mieux-mieux. Tout autour, sous les arcades, une foule compacte, masquée, circule gaiement. Les dames plaisantent les signori, leur offrent des cigares, des fruits, et, de son côté, la plus vilaine moitié du genre humain distribue (toujours masquée) des fleurs des fruits aux dames. Il y a aussi deux bals masqués, l'un au théâtre Goldoni, l'autre à la salle de l'Antico Ridotto. Minuit arrive ; le bourdon du campanile tinte à sons précipités. La foule se retire avec un ordre admirable en chantant "Dan ! dan! dan ! le carnaval s'en va"."

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