dimanche 30 décembre 2012

samedi 29 décembre 2012

La "Cheba"



Jusqu'en 1261, le Conseil Majeur condamnait ceux qui avaient blasphémé contre Dieu, la Vierge Marie ou les saints à payer une amende de trois lires. S'ils ne pouvaient payer, ils étaient jetés à l'eau. Cependant, en 1270, considérant comme excessive la punition de l'eau, elle fut remplacée par celle du pilori (exposition à la risée).
Malgré tout, les Vénitiens ne s'abstinrent pas de cette mauvaise habitude. Priuli, dans ses Mémoires manuscrites (1502) rappelle que : A Venise, il était difficile de se débarrasser de deux choses : le blasphème, en usage à tous les degrés, et les vêtements à la française, dont l'usage était trop ancré, encore que la nation fut ainsi haïe par toute l'Italie. 
Plus fortes se firent alors les peines contre les blasphémateurs et on créa une magistrature adaptée, dite "Exécuteurs contre la blasphémie" . Sanuto raconte que trois individus, qui, un jour de la semaine sainte, se mirent à blasphémer dans l'auberge Bo au Rialto, furent condamnés le 5 mai 1519 à avoir la langue coupée face à la même auberge , les yeux arrachés, la main droite coupée et à être pour toujours bannis. Dans de nombreux cas, les supplices décrits étaient couronnés par le supplice extrême. 

Quant aux prêtres, il y avait pour eux la "cage". On les enfermaient dans une cage (cheba) , de bois, équipée de fers, accrochée à mi-hauteur du campanile de Saint Marc, où ils étaient exposés jour et nuit, aux intempéries, pour toute la vie ou pour un temps fixé, recevant leur nourriture quotidienne par l'intermédiaire d'une cordelette qui partait du bas.
Célèbre parmi les prêtes blasphémateurs mis en cage, fut Don Agostino de l'église de S. Fosca, dont on conte l'aventure dans le "Lamento di prè Agostino".
Voici le prête qui a blasphémé
Contre Dieu, les saints et la Vierge pure
C'est pour cette raison qu'il est là


Il fut mis en cage en 1542
Le "Lamento di prè Agostino" , mis en cage et condamné au pain et à l'eau est un très rare opuscule de 4 feuilles. Il n'est pas daté. Bartolomeo Gamba dans sa série d'écrits en dialecte vénitien, le pense de 1518. Mais la chronique de Barbo nous informe qu'un prêtre Agostino de S. Fosca fut condamné en 1542 à être enfermé dans la cage du 8 août à fin septembre.
Merci à Claude Soret

mardi 25 décembre 2012

dimanche 23 décembre 2012

samedi 22 décembre 2012

Le "liston"



En dialecte vénitien, " lista " désigne une bande étroite et toute droite. La désinence " one " ou " on " fait donc que le " liston " est une grande rue droite.
Au 17ème siècle, le campo Stefano était recouvert d'un manteau herbeux. Cependant, une large bande était pavée, le liston, permettant aux vénitiennes et vénitiens de se promener et d'échanger des propos en marchant commodément.
Le terme " liston " finit par désigner la promenade elle-même. " Fare il liston ", faire le liston signifiait donc aller se montrer, aller parader sur le campo Santo Stefano. 
Le " liston " fut ensuite déplacé Place Saint Marc, dans les dernières années de la République Sérénissime.Pendant le Carnaval, le "liston" avait lieu en soirée après onze heures jusqu'à très tard dans la nuit. C'était de plus le rendez-vous incontournable des masques désireux de se faire admirer. De nombreuses histoires d'amour sont nées sur cette place... et de nombreux vénitiens s'y sont retrouvés faisant la cour à ce qu'ils croyaient être de gentes dames, s'apercevant un peu trop tard, que le masque dissimulait une épouse polissonne. Afin de profiter au mieux d'un tel défilé, des sièges étaient à la disposition des passants.L'usage se perpétra jusqu'au milieu du 20ème siècle.Aujourd'hui liston désigne les bandes blanche de marbre de la place Saint Marc.(Merci à Claude Soret)

vendredi 21 décembre 2012

mardi 18 décembre 2012

dimanche 16 décembre 2012

samedi 15 décembre 2012

Reflet


Fin ! - "Les anciennes prisons de Venise" par le Dr Malgat, médecin en chef de la maison cellulaire de Nice-1898


"Ces pozzi sont la honte de la République de Venise.
Certains prisonniers atteignaient malgré tout une longue vieillesse. un certain Bégulin, né Français, lit-on dans les mémoires de Casanova, qui avait servi en qualité de capitaine dans les troupes de la République pendant la guerre contre les Turcs en 1716, vécut dans les Puits trente-sept ans : il en avait 44 quand on l'y mit. C'était un traître.
Il faut reconnaître que les cachots de Venise n'étaient guère plus sévères et plus horribles que ceux des autres nations.
De toutes les prisons connus, celles du Spielberg en Moravie, étaient, dit-on, les plus affreuses"

vendredi 14 décembre 2012

jeudi 13 décembre 2012

Suite "Les anciennes prisons de Venise" par le Dr Malgat, médecin en chef de la maison cellulaire de Nice-1898


Les Puits
"Au second étage de la cave, du côté du canal, se trouve un petit réduit muré, large d'un mètre environ, éclairé par une lucarne. Dans le fond, se voit une espèce de banc en pierre. C'est là que l'on étranglait dans le silence du mystère les condamnés à mort. La justice des hommes étant satisfaite, les bourreaux prenaient le cadavre et le glissaient par une étroite ouverture pratiquée dans le mur, au niveau du sol, dans une gondole qui l'attendait au dehors sur le canal des orphelins ainsi nommé parce que les prisonniers qui sortaient par ce chemin n'étaient que des cadavres. Ces sombres cachots recevaient beaucoup de monde mais ne rendaient jamais personne en vie. C'est à cet étage inférieur de cachots que furent enfermés le doge Faliero, Carmagnola et le fils de l'infortuné Foscari. 
Tous ceux qui entraient dans les Pozzi n'étaient pas condamnés à mort. Mais, ce qui était peut-être plus épouvantable, ils étaient condamnés à vie. Dans son indulgence qui, du reste, était rare, le tribunal laissait la vie à quelques uns. Mais se figure-ton ce que pouvait être l'existence dans cet enfer anticipé, au fond d'un trou noir, envahi par la mer, en compagnie de rats énormes, dont il fallait se défendre pour ne pas être dévoré, avec la torture de la faim et de la soif et où durant leur misérable vie, les prisonniers solitaires ne voyaient jamais la lumière du jour, n'apercevaient jamais une figure humaine, n'entendaient jamais la voix de leurs semblables, si ce n'est peut-être quelques gémissements répercutés par les voûtes ? Le prisonnier perdait rapidement ses facultés, tombait dans l'abrutissement et l'avilissement de la bête."

mercredi 12 décembre 2012

mardi 11 décembre 2012

Suite "Les anciennes prisons de Venise" par le Dr Malgat, médecin en chef de la maison cellulaire de Nice-1898

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Les Puits
"La nourriture des malheureux prisonniers était misérable : elle se composait d'une cruche d'eau, d'un peu de soupe et d'un morceau de pain qu'on leur portait chaque matin de bonne heure. Ce qui augmentait encore l'horreur de ces lieux infects, c'était l'obscurité profonde qui régnait à l'intérieur. Quelques uns de ces cachots jouissaient cependant d'une espèce de pénombre venant on ne sait d'où, d'une lucarne probablement placée quelque part dans le mur du corridor.
Il est impossible de se figurer un séjour plus horrible, plus épouvantable, plus malsain et plus meurtrier. Ce lieu d'abomination existait cependant. Un escalier d'une vingtaine de marches y conduit : il est situé à l'étage inférieur du souterrain. Là, c'est le hideux dans l'horrible. L'eau de la mer entrait jusque dans les cachots, où elle s'élevait quelquefois en marée haute de 40 ou 50 centimètres. Qu'on se figure l'état d'humidité dans lequel se trouvait ce cloaque lorsqu'elle s'était retirée. C'est par une grille au niveau de la mer par où passe un peu de lumière que l'eau entrait dans le souterrain."

lundi 10 décembre 2012

dimanche 9 décembre 2012

Suite "Les anciennes prisons de Venise" par le Dr Malgat, médecin en chef de la maison cellulaire de Nice-1898

Salle della Bussola - G. Bella
Les puits
"Ces prisons, au nombre de dix-neuf ou vingt, se trouvent situées dans les souterrains du Palais Ducal. On descend d'abord par un escalier de marbre fort étroit dans une première cave absolument privée de lumière. A mesure que l'on descend, le froid vous pénètre de toute part. On descend ainsi une vingtaine de marches et on arrive dans un corridor, voûté et dont le plancher est formé par de la terre battue, un peu humide. A gauche du corridor, c'est le mur de marbre du Palais bâti dans la mer et qui forme un des côtés du rio della Paglia, ancien canal des Orphelins. A droite, ce sont les cachots. On y pénètre par une ouverture d'un mètre de haut environ, sorte de trou noir encadré d'une forte maçonnerie, et que l'on fermait avec une lourde porte en bois blindée de fer. Cette porte était percée d'un trou rond, destiné à introduire la nourriture et aussi un peu d'air. Les murs étaient revêtus d'un lambrissage en bois."

vendredi 7 décembre 2012

suite : "Les anciennes prisons de Venise" par le Dr Malgat, médecin en chef de la maison cellulaire de Nice - 1898

Salle dite della Bussola (tambour) ainsi nommée à cause de la contre-porte très importante qui servait à séparer les deux accès à la salles des Trois Chefs et aux escaliers secrets. Cette pièce constituait la salle d'attente.
"La plus grande souffrance morale de quelques prisonniers, c'est qu'ils étaient incarcérés sans connaître le motif de leur incarcération : le tribunal, souvent si minutieux dans ses interrogatoires, ne leur faisait même pas la grâce de les interroger ni de les juger. Et c'était là l'odieux du pouvoir arbitraire qui gouvernait Venise.
Il finissait par exister une certaine familiarité entre les prisonniers et le gardien. Ce dernier devenait bavard, parfois complaisant. Aussi, bientôt, les anciens finissaient-ils par connaître leurs voisins de cachot, leur histoire, leurs méfaits ; c'étaient des commérages de gens inoccupés qu'un rien intéresse et qui faisaient passer le temps."

mercredi 5 décembre 2012

suite : "Les anciennes prisons de Venise" par le Dr Malgat, médecin en chef de la maison cellulaire de Nice - 1898


Salle de la nouvelle Quarantia Civile, magistrature qui jugeaient les citoyens de la terre ferme et d'outre- mer
"Toute visite autre que celle du geôlier et des archers était sévèrement interdite. Les parents les plus proches ne pouvaient jamais les voir ; bien plus, ils ne savaient jamais si les prisonniers étaient morts ou vivants. C'était la mort absolue au monde, et cette mort durait quelquefois plusieurs années. Comme le nombre de prisonniers était toujours supérieur au nombre de cachots, on en mettait deux dans chacun. C'était là un grand adoucissement à l'emprisonnement : la société de deux hommes de même condition, de même éducation, de même instruction, était certainement fort agréable et rendait, dans une certaine mesure, la punition plus douce.
Il arrivait nécessairement quelquefois que quelque détenu fut malade. Dans leur bonté extrême  les Inquisiteurs lui envoyaient un médecin et même payaient ses honoraires et les médicaments prescrits."

mardi 4 décembre 2012

lundi 3 décembre 2012

suite : "Les anciennes prisons de Venise" par le Dr Malgat, médecin en chef de la maison cellulaire de Nice - 1898


Salle de la vieille Quaranttia Civile, magistrature d'Etat devant laquelle venaient les causes qui n'étaient pas du ressort du Conseil des Dix et concernaient directement les citoyens de Venise

"Les Plombs étaient une espèce de dépôt, où on incarcérait les prévenus en attendant leur interrogatoire : c'était aussi sous les Plombs qu'on emprisonnait les gens pour délits politiques peu graves et plus spécialement, semble-t-il, les patriciens. Le prisonnier avait le droit de meubler sa cellule à sa guise, il pouvait avoir son lit, son linge, ses chaises, son fauteuil, une table ; il pouvait, en payant, se faire apporter ses repas du dehors ; c'était ordinairement la femme du geôlier qui faisait la cuisine, on pouvait commander son menu et ordonner son vin. On avait le droit de se vêtir à sa guise et même d'avoir sur soi des bijoux et de l'argent. Ceux qui n'avaient pas d'argent recevaient un subside de l'Etat, dont le geôlier était le caissier : ce dernier devait en rendre compte chaque mois au détenu. C'est ainsi qu'un citoyen de Venise recevait trois livres par jour ; un patricien quatre, et un comte étranger, huit. Le tribunal n'était donc pas aussi cruel qu'on pourrait le croire. Mais il était défendu aux prisonniers d'avoir du papier, de l'encre, des porte-plumes ou des crayons. Toutefois, il leur était permis de lire des livres de piété et quelques ouvrages moraux."

Couleurs de Venise


dimanche 2 décembre 2012

samedi 1 décembre 2012

suite : "Les anciennes prisons de Venise" par le Dr Malgat, médecin en chef de la maison cellulaire de Nice - 1898



Horloge de la sale des Notaires avec son cadran divisé en six heures, comme on en trouvait souvent dans les couvents et les ateliers.


Les plombs 
"Les cellules ou cachots au nombre de sept, trois au Couchant et quatre au Levant, se trouvaient donc sur les deux façades de ce corps de bâtiment, partie droite du Palais. Les premières étaient les plus mauvaises, car elles étaient plus basses de plafonds et moins bien éclairées que les secondes. Chacune d'elles ouvrait sur le galetas par une grosse porte doublée de fer, haute d'un mètre vingt environ et percée d'un large trou rond grillé, muni d'un petit volet intérieur. Cet orifice servait apparemment à donner de l'air à l'intérieur du cachot. Chaque cellule était éclairée par une lucarne d'environ 60 centimètres carrés, munie de grosses barres de fer entrecroisées, de manière à former 16 trous carrés. En hauteur, du moins celles de l'ouest, elle n'avaient pas deux mètres du plancher au plafond ; mais elles étaient spacieuses. Ces greniers transformés en prison étaient un lieu de prédilection pour les rats. Inutile de dire qu'en outre de ce voisinage incommode, les malheureux prisonniers étaient la proie de toute espèce d'animaux, de puces en particulier. Un autre tourment était le tic-tac et la sonnerie de l'horloge de Saint-Marc qui semble vraiment placée dans le grenier. Ce bruit incessant empêchait les prisonniers de dormir au point de les rendre malades."

En décembre, au lever du jour


vendredi 30 novembre 2012

jeudi 29 novembre 2012

mercredi 28 novembre 2012

"Les anciennes prisons de Venise" par le Dr Malgat, médecin en chef de la maison cellulaire de Nice - 1898

Salle du chef de l'Inquisition-G.Bella
Les Plombs
"C'est dans ce galetas, divisé en cellules que furent logés les plus grands noms de Venise, en punition de quelques méfaits. Cet ignoble local a même servi de prison jusque sous la domination autrichienne. On ne pouvait monter à ces cachots qu'en traversant la salle où les Inquisiteurs s'assemblaient chaque jour. Le secrétaire du tribunal en avait seul la clef et il ne la confiait qu'une fois par jour, de très grand matin, au geôlier  pour aller faire le service des prisonniers. Cette visite matinale faite, les prisonniers ne voyaient plus personne jusqu'au lendemain matin, quels que fussent leurs besoins. Il y avait à cela une raison majeure, c'est que, plus tard, les Inquisiteurs siégeaient, et les allées et venue des archers auraient porté le trouble dans la salle, et auraient surtout attiré l'attention de tous ceux qui avaient affaire aux chefs du Conseil des Dix."

mardi 27 novembre 2012