Affichage des articles dont le libellé est "Trois mois à Venise" Ambroise Tardieu - 1883. Afficher tous les articles
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dimanche 18 mars 2012

Quelques extraits de "Trois mois à Venise" d'Ambroise Tardieu, historiographe de l'Auvergne (1840-1912)

"Venise avait mon coeur ; j'étais devenu vénitien. On ne quitte pas cette ville qui a tant de charmes pour l'archéologue, pour l'artiste, on s'en arrache.
Venise ! quel souvenir pour moi ! A ce nom magique, je suis attendri en pensant à tant de beaux souvenirs. Il fallait repartir. Il était minuit. Je repassai en gondole sous mes vieux ponts, sur lesquels j'étais monté et descendu tant de fois. Quand tous dormaient, je quittais ma chère Venise. 
Adieu, ville des doges, où j'ai passé trois mois des plus agréables de ma vie.
Adieu ! je ne t'oublierai jamais.
Souvent je pense à toi, à ton ciel bleu, à tes palais.
Quand, dans mes pittoresques et sévères montagnes de l'Auvergne, je me sens seul, je porte mon regard à l'Orient, du côté de Venise et je me dis : "Venise est là-bas !..."

samedi 17 mars 2012

Quelques extraits de "Trois mois à Venise" d'Ambroise Tardieu, historiographe de l'Auvergne (1840-1912)

Intérieur de Saint Marc - Heinrich Hansen
"J'ai assisté dans l'église de Saint Marc à la cérémonie du jour de Pâques, cette solennité, sous des voûtes antiques et sombres, éclairées de mille cierges, avait un aspect des plus imposants. L'orgue résonnait, plaintif, empruntant, par moment les accents du tonnerre. Tenu par un artiste de premier ordre, il accompagnait de nombreux violons. Je n'ai rien entendu de plus parfait. L'archevêque patriarche a célébré la messe avec une grande majesté. Il était entouré des chanoines du chapitre de Saint Marc qui, par un privilège spécial, portent tous la mitre blanche."

jeudi 15 mars 2012

Quelques extraits de "Trois mois à Venise" d'Ambroise Tardieu, historiographe de l'Auvergne (1840-1912)


La jeune fille au miroir - Titien
"Il m'est impossible de ne pas dire un mot des belles têtes de Venise. Les tableaux du Titien représentent, déjà, au XVIe siècle, des femmes blondes, vénitiennes, d'une grâce incomparable. Ces types se retrouvent à Venise. La Vénitienne a des yeux d'une douceur qui vous captive, des traits d'une régularité parfaite, des cheveux superbes, un sourire gracieux, quelque chose de profondément mélancolique comme cette merveilleuse cité de Venise. On dit qu'elle a bon coeur. Que voulez-vous de plus ?"

samedi 11 février 2012

Quelques extraits de "Trois mois à Venise" d'Ambroise Tardieu, historiographe de l'Auvergne (1840-1912)

"Toutes les cours des habitations ont, généralement, un puits ayant la forme d'un chapiteau antique. Chaque matin ces puits, qui ont une grille fermée à clef, sont ouverts. Des femmes du peuple, chargées de deux petits seaux de cuivre, accrochés aux deux bouts d'un bâton placé sur l'épaule, et coiffées d'un petit chapeau d'homme, puisent à qui mieux mieux.
Autre usage : quand un facteur frappe à la porte et crie le nom du destinataire d'une lettre, aussitôt, un petit panier descend de l'étage indiqué, au moyen d'une corde, et prend la correspondance qui lui est destinée.
La plupart des croisées sont ornées de rideaux jaunes ou verts ; quelquefois rouges.
Les sérénades de Venise méritent quelques lignes. Il y a, tous les soirs, pendant la belle saison, des sociétés d'artistes qui, en gondole, violons et guitares en main, voire un petit harmonium, passent prés du célèbre pont des Soupirs et se rendent en chantant à celui du Rialto. Leur gondole est entourée de lanternes vénitiennes ; leurs chansons mélodieuses vous saisissent."

jeudi 9 février 2012

Quelques extraits de "Trois mois à Venise" d'Ambroise Tardieu, historiographe de l'Auvergne (1840-1912)

"A Venise la belle société parle français. Les artistes, les hommes de lettres, les savants sont recherchés, fêtés. 
Mais encore faut-il bien remarquer que tout est d'un bon marché sans égal. A Venise, la vie coûte moitié comme en France. 
Sur le Grand Canal, des bateaux à vapeur fendent l'eau toutes les dix minutes.
On se figure généralement que l'air de Venise est malsain ; qu'il doit y avoir une atmosphère humide et brumeuse ; c'est tout le contraire. L'air y est égal, nutritif et nullement lourd. Il est bon aux personnes atteintes de phtisie ; on le recommande spécialement aux anémiques ; à ces derniers, le calme de la ville convient à merveille car on n'entend aucun bruit de voiture ; un cheval y est même une curiosité. Le peuple vénitien va voir ce quadrupède au Dépôt du Jardin des Plantes pour les exercices de la cavalerie.
On ne rencontre aucun chien dans les rues de Venise. Cela tient, dit-on, à la taxe élevée qui leur est appliquée."

dimanche 5 février 2012

Quelques extraits de "Trois mois à Venise" d'Ambroise Tardieu, historiagraphe de l'Auvergne (1840-1912)

Scène de carnaval - Giandomenico Tiepolo
"Le célèbre carnaval de Venise fleurit encore. J'étais arrivé la veille des fêtes. Vraiment ce carnaval fait contraste avec la tristesse qui règne en France pendant cette époque de plaisir. Il faut voir Venise le jour du mardi gras. Pendant le jour aucun travestissement ; la police s'y oppose mais dès 8heures du soir, les rues sont sillonnées de gens masqués, costumés. Partout des mots spirituels, des plaisanteries. Le vénitien a de l'esprit, du goût, de l'originalité. Bientôt la place Saint Marc est couverte de 40 000 spectateurs. C'est vraiment féerique. On allume des gerbes de gaz à des candélabres spéciaux placés, dès la veille, sur la place qui est couverte d'oriflammes. Au milieu de cette dernière s'élève une plate-forme construite en planches pour la circonstance. C'est là, qu'au milieu d'une excellente musique, deux mille masques dansent, sautent à qui mieux-mieux. Tout autour, sous les arcades, une foule compacte, masquée, circule gaiement. Les dames plaisantent les signori, leur offrent des cigares, des fruits, et, de son côté, la plus vilaine moitié du genre humain distribue (toujours masquée) des fleurs des fruits aux dames. Il y a aussi deux bals masqués, l'un au théâtre Goldoni, l'autre à la salle de l'Antico Ridotto. Minuit arrive ; le bourdon du campanile tinte à sons précipités. La foule se retire avec un ordre admirable en chantant "Dan ! dan! dan ! le carnaval s'en va"."

jeudi 2 février 2012

Quelques extraits de "Trois mois à Venise" d'Ambroise Tardieu, historiographe de l'Auvergne (1840-1912)

"La population de Venise est de 135 700 habitants. Le pont du Rialto est chargé d'un grand escalier sur lequel on a élevé, à droite et à gauche, de petits magasins. C'était, pour moi, un charme singulier que de gravir chaque jour le pont du Rialto, de m'accouder sur la balustrade, et d'observer le mouvement de toutes les gondoles, d'entendre les cris des marchands qui s'y installent. Le jour même de mon arrivée à Venise, dès 9 heures du matin, je cours sur la place Saint Marc. C'est la merveille des merveilles ! le Campanile, isolé sur la place, élevé de 98 mètres. (Pendant mon séjour, un malheureux jeune homme appartenant à une honorable famille, fou d'amour, désespéré de n'être pas payé de retour s'est précipité du haut du campanile. Depuis le Xe siècle, plus de cent personnes se sont suicidées de la même façon)."

lundi 30 janvier 2012

Quelques extraits de "Trois mois à Venise" d'Ambroise Tardieu, historiographe de l'Auvergne (1840-1912)

"Depuis mon enfance, je désirais voir cette perle de l'Adriatique, cette reine parmi les cités. Et par un beau jour de février 1883, après avoir séjourné à Cannes, à Nice, à Gênes, je résolus de continuer mon excursion...Je descends de wagon...C'est d'une mélancolie indéfinissable faite pour remuer le coeur le plus endurci. Plus de bruit si ce n'est celui de la rame. La lune éclaire toujours ;  par-ci, par-là, des lanternes allumées aux gondoles.
Me voici à l'albergo. Je fais prix. Il faut croire que la vie n'est pas chère à Venise, car à l'albergo di la Luna, une belle et bonne chambre ne coûte que deux francs cinquante par jour, et c'est un des grands hôtels de la ville, prés de la place Saint-Marc."