dimanche 24 mars 2013

Papa Franceso, Ignace de Loyola e Venezia




C'est la première fois dans l'histoire qu'un fils de Saint Ignace est élu pape. L'évènement est de taille car les relations entre la Compagnie de Jésus et Rome ont longtemps été difficiles.


Pour manifester sa totale confiance en Dieu, Ignace voyage sans argent. Autour de lui, on crie à la folie et on tente de le dissuader d'entreprendre un tel voyage. Au plus profond de lui, il est persuadé que Dieu lui donnera le moyen d'aller à Jérusalem. De fait, le doge de Venise lui concède un laissez-passer gratuit pour la Terre Sainte. Ignace s'embarque donc et, après une escale à Chypre, atteint Jérusalem le 4 septembre 1523.

Approbation des statuts de la Société de Jésus: Ignace de Loyola reçoit la bulle Regimini militantis Ecclesiae des mains du pape Paul III. Fresque peinte par Johann Christoph Handke .

La rencontre avec Venise (1523-24 et 1536-37) a eu un impact très fort sur Ignace de Loyola, générant une fascination presque physique. Il la considérera toujours comme une ville exceptionnelle, celle qui pouvait le mieux représenter la Jérusalem idéale. S'étant rendu à Venise une première fois en 1523 et y embarquant pour aller à Jérusalem, il y reviendra en 1536 pour refaire le même voyage, mais cette fois la guerre contre les Turcs l'empêche de partir. Rejoint en 1537 par ses compagnons, il y passera presque une année. Ignace de Loyola découvre à Venise un lieu et un milieu : dans son espace, dans sa relation au lointain naturel, la ville se propose comme un théâtre du monde, avec une première scène, des arrière-plans, des mises en perspective, le tout baigné verticalement ou en oblique par la lumière. Venise incarne aussi la peinture de Jacopo Bassano et le développement de la spiritualité formelle et visuelle que Jacopo Tintoretto, praticien des exercices, appliquera à travers son art. C'est ainsi dans cette rencontre avec Venise que s'affirme la dimension définitivement et immédiatement plastique de la vision jésuite.

La déposition du Christ - Tintoret


Marie reprend l'expression douloureuse de la Pietà et Marie-Madelaine, belle blonde vénitienne se penche vigoureusement vers le christ mort. Impressionnant jeu de diagonales venant se concentrer en un nœud sur le corps du christ alors que les bordures du cadre, dépouillées, sont laissées dans l'ombre. Il s'agit peut-être de reprendre le précepte de saint Ignace en forçant le spectateur à entrer dans l'intensité du tableau pour laisser ensuite se répandre l'émotion.




Entre Ignace de Loyola, fondateur de la Compagnie de Jésus, la Compagnie elle-même et le monde des images s'instaure, dès le début, une complicité immédiate et naturelle qui répond aux objectifs du Concile de Trente tout en associant dans le regard du croyant la profondeur du sentiment religieux et la joie presque charnelle que procure la création artistique. La jouissance de la couleur et de la forme n'a jamais été pour la Compagnie susceptible de détourner du sentiment religieux. Elle accueillit ainsi en son sein même, dans les congrégations, les peintres et les sculpteurs qui mettaient la beauté plastique au service de la foi.
Ignace de Loyola, on le sait, s'était pris d'amitié pour le Michel-Ange le plus controversé pour le rôle qu'il avait fait jouer au corps et à la nudité dans le Jugement dernier, celui-là même qui en 1554 se proposa sans la moindre rétribution d'établir les plans d'une église que les Jésuites projetaient de construire à Rome. Rubens lui aussi devint très tôt un fidèle des Jésuites, jusqu'à devenir préfet d'une congrégation de Marie. Le Bernin fut quant à lui, par son étroite amitié avec le général Oliva, un des grands formalisateurs de la pensée spirituelle et plastique de la Compagnie de Jésus - il avait fait les exercices sous sa direction. Son biographe, Baldinucci, rappelle qu'il aspirait avec un si grand désir au bonheur céleste que pour y atteindre il alla, durant quarante années de suite, faire retraite chez les pères de la Compagnie. Depuis Louis de Morales, dont la lecture des Exercices spirituels a été si bien analysée par le père Gutierrez de Ceballos, tous ont cherché l'expression qui révèle le rapport immédiat avec le surnaturel, faisant dès lors, afin de propager la foi, un usage démesuré du corps en mouvement, des jeux des perspectives construisant un espace infini, des effets de lumière diffusée jusqu'au repli de la matière, jusqu'aux notations les plus exacerbées de la nature céleste, terrestre et humaine.
http://www.cineclubdecaen.com/peinture/expositions/baroquejesuite.htm

5 commentaires:

  1. Si tu ne la connais pas, va absolument à San Salvadore pour la Pala d'argento.
    Bon dimanche, pour ma part ce sera à partir du 19 avril pour la San MArco...
    Douceur
    M de Sclos

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  2. Bravo , Maïté pour ces informations suivant l'actualité . L'art " jésuite " est riche et somptueux ! Voir à Venise la profusion des marbres de leur église ! en contraste avec la simplicité du nouveau pape ....

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  3. J'aimerais bien voir cette fameuse pala d'argento, peut-être vont-ils la découvrir à Pâques, sinon peut-être à Pentecôte. Baci, a presto :

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  4. C'est pour la semaine de Pâques qu'ils la dévoilent, tu verras c'est extraordinaire, je mets une photo sur le blog.

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