lundi 4 octobre 2010

Les pigeons de la place Saint-Marc


Une des cérémonies du dimanche des Rameaux à Venise était celle où s'envolaient de la loge de la basilique Saint-Marc des oiseaux, surtout des colombes, qui ensuite devenaient la proie du peuple. Stringa dans les ajouts qu'il a apporté à la Vénétie de Francesco Sansovino nous dit que, ce dimanche, tandis que le chœur des prêtres chantait sur la place, " beaucoup d'enfants, montés à cet effet sur le sommet de l'église, jetaient divers oiseaux, gros et petits avec des morceaux de papier coloré , attachés aux pattes de sorte qu'ils ne puissent s'envoler trop loin et qu'arrivant sur la place, ils soient pris par ceux qui pouvaient les prendre, puis manger pour Pâques. Pour qu'ils soient bons à manger, il fallait de jeunes colombes…. La cérémonie se déroulait dans une grande allégresse, semblable à celle des enfants hébreux, quand avec des rameaux à la main, ils rencontrèrent le Christ entrant à Jérusalem."

Quelques unes des colombes réussissaient à s'enfuir et s'abritaient sur les toits de la basilique, du palais ducal ou des procuraties. Elles y faisaient leurs nids et avec le temps, se multiplièrent, comme on peut le constater aujourd'hui. Le gouvernement voulut leur faire construire quelques abris sur le toit de la basilique et leur distribuer chaque jour des graines, sur la place ou la piazzetta. La République étant tombée, des personnes privées prirent la succession, parmi lesquelles la comtesse Catterina Querini Polcastro, qui, de l'appartement où elles habitait dans les Procuratie Vecchie, avait l'habitude d'administrer à midi une ration de grains aux colombes. Une autre ration ensuite était jetée à deux heures. du haut de l'Office des Assurances Générales, par le soin de quelques employés.

Ainsi nos colombes avaient deux repas par jour. Aujourd'hui, elles n'en ont plus qu'un, aux bons soins des Assurances, qui ont inscrit à leur budget la somme correspondante.

Il est ici opportun de faire une observation. Le spectacle de ces volatiles qui se familiarisent avec les passants et surtout les étrangers, qui leur donnent à manger du grain, acheté pour ça, est agréable. Mais d'autre part il faut considérer les dommages qu'ils apportent à nos monuments, qu'ils couvrent de saletés. On peut donc se demander si c'est un blasphème que de vouloir s'en débarrasser.
Anecdotes historiques vénitiennes" - 1897 -Giuseppe Tassini - Merci à Claude Soret pour ses traductions.

1 commentaire:

  1. les vendeurs de grains ne sont plus sur la place ..
    il faut sacrifier son sandwich..

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