Maria Caroldo avait pris le voile dans le monastère S.Caterina de Venise, mais ensuite, on ne sait pour quelle raison elle en sortit pour en fonder un autre avec l'aide du prêtre Giacomo Zamboni de S. Gregorio sous la protection du Saint Esprit, en devenant la première abbesse en 1483. Plusieurs années après, elle se brouilla avec les soeurs sous ses ordres, parmi lesquelles Cecilia Vacca qui produisit contre elles un recours, l'accusant de graves fautes.
On disait entre autres, que Maria Caroldo maintenait une liaison amoureuse non seulement avec le prêtre cité précédemment Zamboni. Avec des apparences trompeuses, elle parcourait en sa compagnie la ville et la campagne. Feignant d'être malade , elle se faisait aussi visiter dans sa cellule par un médecin. Puis par un jeune grec, plusieurs fois jugé, auquel elle donnait vêtements et argent. On disait, de plus, qu'elle dispersait l'argent du couvent, engageant les objets sacrés de la petite chapelle annexe et tyrannisant les religieuses qui lui étaient opposées, tandis qu'elle concédait toute liberté à celles qui lui permettaient de sortir déguisée du cloître la nuit. Il convient de dire que de telles accusations n'étaient pas privées de fondements puisque le patriarche Tomaso Donato condamna en 1493 la pauvre abbesse à être déposée de sa charge et à être enfermée dans un monastère plus stricte. Elle fit appel, fut absoute, mais la Vacca à son tour fit appel si bien que le pape ordonna la réouverture du procès, qui traînait encore en 1494 et dont on ne sait pas comment il se termina.
Peut-être la pierre du silence a-t-elle été posée sur le procès par des influences ecclésiastiques ou par celles de la famille Caroldo, d'où sortit Gian Giacomo, neveu de Maria Caroldo, secrétaire du Conseil des Dix, et auteur d'une chronique vénitienne estimée.
Merci à Claude Soret pour ses traductions : anecdotes historiques vénitiennes - 1897 -Giuseppe Tassini
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