Le siècle dernier, vivait une vieille laide, boiteuse mais aussi gaillarde avec l'envie de prendre mari. Elle avait réussi en épargnant par-ci par-là à se constituer un petit magot. Un de ces désespérés qui ne manque jamais passait par là et, avec ses minauderies, elle réussit à le prendre pour mari. Pour arrêter les bavardages et les moqueries, ils se rendirent tous les deux un lundi de septembre au Lido et là se jurèrent fidélité devant un prêtre, allèrent à l'auberge où ils s'assirent avec leurs invités pour un banquet nuptial. Un traître cependant s'était aperçu de tout. Il avertit amis et connaissances qui se rendirent eux aussi au Lido. On les accueillit donc en sifflant et en faisant avec les instruments de cuisine du tapage
Comment devaient se contenir nos deux époux ? Une belle idée leur vint à l'esprit. Ils acceptèrent ces nouveaux invités, avec allégresse, les firent servir généreusement en nourriture et en boisson, les invitant à danser avec eux la furlana. Les sifflets, comme on peut l'imaginer se transformèrent en applaudissements. Sur le soir, l'heureux couple rentra à Venise accompagné par tous.
De cette aventure, naquit la coutume que l'on conserva jusqu'à la moitié de ce siècle d'aller, après les repas des lundi de septembre, au Lido et de s'y divertir, en dansant, en faisant la noce, en chantant de gaies chansons, dans lesquelles ne manque jamais la ritournelle : "Enota, Enota, Enio", qui venant du grec signifierait selon Mutinelli : "Voici que vient, voici que vient l'époux"
Anecdotes historiques vénitiennes" - 1897 -Giuseppe Tassini - Merci à Claude Soret pour ses traductions.
L'amour est aveugle, surtout quand il y a l'appat de l'argent...mais la vielle n'était pas si bête que cela finalement puisqu'elle est arrivée à ses fins, non ? Être acceptée et heureuse ...
RépondreSupprimerJoli petit coin que tu as photographié là
bisous