jeudi 27 octobre 2011

La Berlina (le pilori)


Depuis longtemps à Venise, on clouait aux piloris ceux qui étaient coupable de délits, c'est à dire qu'on les exposait pour quelque temps à la risée et aux maltraitances du public, attachés à une planche avec une mitre ou une couronne de papier sur la tête sur laquelle on pouvait lire la sentence. les nobles et les personnes respectables n'en étaient pas protégés. Pour eux, la sentence était publiée sur la Pierre del Banco, sur la piazzetta et sur le pilier du Gobbo du Rialto. S'il s'agissait de questions religieuses, on posait sur la tête de celui qu'on clouait au pilori, une mitre sur laquelle était peinte un diable, comme cela est arrivé au maître Galeoto Marzio da Narni pour avoir composé un livret contre la foi catholique.
La berlina, avec quelques modifications au cours des temps, continua à être en vigueur au siècle dernier. Les journaux manuscrits de Benigna nous apprennent que le 30 avril 1720, fut cloué au pilori, pour escroqueries, Diamante Vicentina et que les femmes jetaient sur lui des ordures; que le 27 avril 1721 un certain forgeron Daniel fut condamné pour avoir fabriqué de fausses clés, à une heure de pilori, à être marqué au front et à dix ans de galère ; que le 9 mars 1760, on fit monter au pilori trois ministres des douanes de la mer pour infidélité dans l'expédition des marchandises.
Dans des temps plus proches, la berlina se dressait habituellement pour les femmes sur le campo de S. Maria Formosa, et pour les hommes sur la Riva degli Schiavoni, face au sottoportico di S. Zaccaria. On se souvient avoir assisté à de tel spectacle dans notre jeunesse. Peu après, cependant, la peine de la berlina cessa ; voilà en quelle occasion : Un prêtre nommé De Grandis avait abusé charnellement de quelques enfants qui lui avaient été confié, en 1845.
Il fut condamné à perpétuité, après être cloué au pilori. Le bon patriarche Jacopo Monico supplia l'empereur François Ier que le prêtre soit exempté de cette peine infamante. L'empereur accepta , commandant en même temps que la peine de la berlina soit abolie à partir de ce moment.
Anecdotes historiques vénitiennes" - 1897 -Giuseppe Tassini - Merci à Claude Soret pour ses traductions.

2 commentaires:

  1. Très bel article.
    La Pierra et le Gobbo servaient aussi aux annonces officielles. Pour les condamnés il était de tradition de devoir embrasser le Gobbo après la traversée infamante des Merceries de San Marco au Rialto. Ce signe d’allégeance païenne finit par chagriner la Sérénissime qui obligea alors d'embrasser une croix (bien sûr surmontée du Lion de Saint Marc) qu'elle fit graver sur le pilier d'angle à gauche du Gobbo.

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  2. Merci pour ces informations ; bonne journée, a presto !

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