Marcantonio Bragadin après avoir défendu jusqu'au bout Famagosta, assiégée par les turcs, capitula en 1571, la vie sauve mais ensuite le cruel pacha le fit écorcher vif, le fit empailler et le fit traîner à travers les rues de la ville sur le dos d'une vache. Quelques années plus tard, Girolamo Polidoro, soldat de Vérone, fait esclave par les turcs, put ravir la dépouille de l'arsenal de Constantinople, où elle était conservée, la fit parvenir à l'ambassadeur qui l'expédia à Venise où d'abord déposée dans un pilier de l'église de S. Gregorio, elle fut ensuite placée dans le monument érigé à Bragadin dans l'église de SS. Giovanni et Paolo . Girolamo Polidoro, héros de cet enlèvement envoya au Sénat, le 13 février 1587, la supplique suivante, où avec peut-être un peu d'exagération il expose les tourments subis lors de son entreprise.
"Sérénissime prince,
Moi, Polidoro de Vérone, au service de cette grande République, fait esclave et n'oubliant pas dans ma vie d'esclave ma dévotion à la République, ne craignant aucun danger, j'ai été ce très heureux martyre, qui à la demande du très illustre Tiepolo, alors ambassadeur à Constantinople, enleva d'une maison de l'arsenal la dépouille de Bragadin et la porta entière et sauve à l'ambassadeur, avec cette vertu et ce courage et l'infinie dévotion que je porte à votre Sérénité. Ce qui m'est arrivé ensuite est horrible à entendre aux oreilles d'un prince religieux et clément, et insupportable à tolérer à l'humaine nature. Parce que accusé de ce juste vol par les ministres turcs, j'ai subi d'innombrables tourments dont peut-être jamais personne n'est sorti vivant de mémoire d'homme. De nombreux jours je fus torturé, attaché à la corde les pieds en haut, tapé sur le ventre, le dos de trois mille coups de bâtons, battu sur la "nature" à tel point que j'en suis devenu eunuque. A moitié mort, je retournai à mes tourments, mais de nouveau attaché à la corde les pieds en haut, plié, un bâillon sur la bouche, la tête plongée dans un vase d'eau salée, j'ai souffert les plus terribles peines.
Après tous ces tourments, brisé, ruiné, réduit à la mendicité, chacune de mes facultés étant réduite, je me suis finalement traîné aux pieds de votre Sérénissime, que je supplie, pour l'amour du Christ, de m'accorder une provision de seize ducats par mois."
Quoiqu'il en fut, Polidoro fur seulement récompensé de cinq ducats par mois.
Anecdotes historiques vénitiennes" - 1897 -Giuseppe Tassini - Merci à Claude Soret pour ses traductions.
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