samedi 19 décembre 2009

Autrefois, les théâtres


La compagnie de la Calza, dite des Eternels, construisit en 1565, en bois, dans les murs du monastère de S.Maria della Carità , le premier théâtre qu’il y eut à Venise, derrière lequel peu après fut construit, en pierres, le Vieux Théâtre de S. Cassiano
Pendant longtemps, nos théâtres restèrent sans ornements, n’ayant même pas de lampadaires au milieu, ni de lampes autour. C’est seulement avant le lever du rideau que l’on allumait d’un côté une torche de bois fonctionnant à l’huile, que l’on éteignait au début du spectacle pour laisser place aux habituels feux de la rampe, tandis que les musiciens de l’orchestre devaient se contenter de quelques bougies de cire.
Il est vrai que quelque illumination spontanée surgissait de ci de là des loges où l’on dînait allègrement et d’où l’on crachait sur les humbles gens du parterre, infamie blâmée par Gaspare Gozzi dans la gazette de Venise et par d’autres auteurs de l’époque.
Nos théâtres ouvraient vers la mi-octobre. La recette des abonnements et des loges revenait au propriétaire et celle des billets d’entrée aux comédiens. Les comédiens étaient considérés avec un préjugé injuste, comme une sorte de gens méprisables. On lit qu’en 1778, l’inquisiteur d’Etat Anton Maria Tiepolo leur adressa le reproche suivant :"On croit franchir la porte du théâtre, mais non, on franchit la porte du bordel. Rappelez vous que vous autres comédiens êtes haïs du Dieu Très Saint mais tolérés par le Prince qui vous donne en pâture aux gens qui se complaisent de votre iniquité…"
A partir de 1637, on ajoutait aux comédies, des morceaux musicaux et ensuite des scènes dansées. La première œuvre musicale est datée de cette année: ce fut Andromède au théâtre Nuovo de S. Cassiano, poésie de Ferrari et musique de Manelli.
Le temps passant, les théâtres devinrent plus raffinés et n’y tarda pas à régner la licence des mœurs. Les dames vénitiennes y apparaissaient vêtues avec le maximum d’indécence.
C’est pourquoi, il fut ordonné le 27 décembre 1776 qu’on ne puisse assister à un spectacle sans porter le masque de la "bauta" et c’est pourquoi Elisabetta Labia Priuli, Marina Bon Toderini et Giula Tron qui n’obtempérèrent pas à cet ordre furent condamnées à quatre jours d’assignation à résidence.
Théâtre San Benedetto - Francesco Guardi

3 commentaires:

  1. La scène éclairée aux chandelles , c'est merveilleux . J'ai eu la chance de voir ainsi à Paris " Cadmus et Hermione "de Lully création du Centre de Musique Baroque de Versailles et du Poème Harmonique ( V.Dumestre ) . Le DVD a été édité mais bien sûr il ne peut restituer la magie du spectacle..en salle .

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  2. Bravo pour cette cette présentation. C'est amusant comme nous avons les mêmes références musicales.

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  3. Effectivement, je viens d'aller "visiter" vos playlist, il y a pas mal de similitude...

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