lundi 16 avril 2012

"La Cuisine d'Alvise"

Quand il commence à faire froid, mon oncle glisse deux châtaignes dans une poche de sa veste, soi-disant pour se préserver du rhume ou du mal de gorge. C'est l'époque où je l'accompagne par les chemins pour vendre la bonne polenta de ma tante.
Les premiers temps de son arrivée, Alvise dormait mal. Il se levait, dès qu'il entendait sa tante qui, comme toutes les mères, était la première debout, et pour qui le premier souci était de raviver le feu dans la cheminée. Elle resserrait les quelques braises restantes et ajoutait du petit-bois. Elle pendait à la crémaillère une marmite en cuivre remplie d'eau et alimentait encore le feu. Alvise surveillait le fond. Quand il commençait à se couvrir de petites bulles, sa tante étalait les braises pour obtenir une chaleur sans flammes. Elle jetait une poignée de gros sel et tournait avec une spatule en bois, tandis que, de l'autre main, elle versait la fine poudre de maïs. Elle continuait de tourner durant encore environ quarante-cinq minutes. Quand la bouillie se détachait des bords, la tante la renversait d'un coup sec sur la tafferia, large planche ronde réservée à cet effet. Elle coupait des parts proportionnelles aux bouches. Alvise posait les morceaux de polenta sur le grill, pour les rendre plus consistants, tandis que sa tante préparait une boisson chaude à base de grains de froment, de seigle ou d'orge torréfiés.
© La Cuisine d'Alvise - D. Laporte Dos Santos

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