jeudi 25 février 2010

Les sermons en plein air

Posted by PicasaIl fut un temps où, à Venise, on prêchait sur les places, situées devant les églises. Cet usage fut interdit par la loi du 4 mai 1439, qui permettait seulement les sermons sur les places, la veille de la fête du Saint ou de la Sainte auquel était dédié l'église. Quelques mois après, l'interdiction fut levée et nous voyons S. Bernardino de Sienne prêcher librement sur le Campo di S. Polo. En 1450, là même prêchait un des ses disciples, appelé Frère Santo, faisant allumer un grand bûcher où l'on brûla un grand nombre de morceaux d'étoffes, de draps… qui avaient coûté une belle somme d'argent, objets tous portés là pour faire démonstration de la vanité du monde.

Au siècle suivant, prêcha au même endroit le 2 avril 1511 Frère Ruffin Lovato, s'en prenant particulièrement aux juifs, disant que la ville en était remplis et disant que ce serait une opération méritoire que "de leur prendre tout ce qu'ils avaient et de les mettre à sac".Cependant le gouvernement qui avaient besoin des juifs, à la demande des banquiers Anselmo et Vivian, admonesta Frère Ruffino ainsi qu'un autre frère qui avait fait un sermon allant dans le même sens devant l'église S. Cassiano.
Chose étrange! Ce gouvernement qui, au XVème siècle avait interdit les sermons en plein air, au siècle suivant, non seulement le permettait mais ordonnait que l'on prêche chaque jour de fête sous les portiques du palais ducal et sous les voûtes du Rialto.
Au siècle passé, la coutume s'était épandue de prêcher sur la place Saint-Marc pendant le carnaval. Plus précisément en 1744, on ordonnait que le prédicateur ait terminé chaque jour son sermon à 18h30 et ceci au motif que ne puissent arriver des scandales et désordres au contact des personnes masquées et parce qu'aussi les charlatans, les camelots et autres qui, à cette époque s'installaient sur la place, puissent exercer sur les lieux.
Il est à noter que, lors de la dernière nuit du carnaval, pendant que sonnait la cloche de la Quaresima, les bons vivants et les déguisés se déchaînaient contre la chaire où l'on prêchait, placée sous les portiques du palais ducal, en la tirant dans tous les sens et le brisant par tous les moyens.
Merci à Claude Soret pour ses traductions : anecdotes historiques vénitiennes - 1897 -Giuseppe Tassini

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