samedi 10 avril 2010

L'ange du campanile de San Marco


Le tremblement de terre de 1511 ayant gravement endommagé ce campanile, on chargea l'architecte Bartolomeo Buono de la réfection de l'ouvrage avec l'adjonction d'un étage et d'un pinacle sur lequel on fixerait la figure de l'ange Gabriel, girouette de bois, revêtue de lames de cuivre doré, avec en son sommet une croix et une banderole
Sanudo écrit : " 6 juillet 1513. En ce jour fut dressé l'ange doré de Saint-Marc, à 20 heures, avec trompettes et fifres. On jeta du vin et du lait en signe d'allégresse. On pria Dieu pour que cette République soit prospère". Sanudo raconte encore que le général Bartolomeo Alviano, en compagnie d'autres seigneurs et gentilshommes, étant allé rendre visite aux ouvriers du campanile et étant arrivé juste au moment de la mise en place de l'ange eut l'agréable surprise d'être nommé capitaine général de la République . Se tournant alors vers le messager, il dit : "Je n'ai rien d'autre, pour l'heure, à te donner sinon ce vêtement"
Se tournant ensuite vers l'ambassadeur de France, Teodoro Trivulzio :"Maintenant ,je suis le plus grand homme du monde"
Tandis que les siens lui recommandaient de descendre lentement pour ne pas tomber, il leur répondit : "Je ne suis jamais né, je ne mourrai jamais". On voit que l'annonce de sa nomination l'avait porté à plaisanter.
Mais revenons à notre ange. La foudre le précipita sur les boutiques qui entouraient le campanile en 1745. Il eut donc besoin d'une restauration. Chose faite en 1822 par le sculpteur Andrea Monticelli. Il fut redoré récemment en 1892.
Au temps de la République, c'était le but de nos plus courageux funambules, le jour du jeudi gras. On se souvient qu'un gondolier de la maison Lezze, en 1860, réalisa une brillante montée, reliant rapidement la piazzetta à la loge des cloches. Il monta ensuite sur le tête de l'ange où il réalisa plusieurs jongleries. Celui-ci, l'année suivante, attira la curiosité d' un public nombreux en montant jusqu'aux cloches, à partir d'une barque, faisant semblant de ramer, puis se tint en équilibre, les pieds en l'air sur l'ange, s'appuyant un instant sur la tête et les bras.
Après l'effondrement de 1902, l'ange fut retrouvé, tordu, brisé en morceaux devant la basilique. Munaretti le restaura patiemment, refaisant les parties manquantes selon le modèle du sculpteur néoclassique Luigi Zandomeneghi.
Merci à Claude Soret pour ses traductions : anecdotes historiques vénitiennes - 1897 -Giuseppe Tassini

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire