Scène du Teatro Sant'Angelo au XVIIe siècle |
Le baron J. F. A. Von Uffenbach, ingénieur, juriste, luthiste dilettante, originaire d'une riche famille de Francfort, a vingt-sept ans quand il séjourne à Venise en février et mars 1715 ; voici ce qu'il rapporte :
"Je restai là-bas (au casino) jusqu'à ce qu'il soit l'heure d'aller voir l'opéra, puis je me rendis avec une connaissance au théâtre Sant'Angelo, qui est plus petit et moins cher que le précédent (SS Giovanni e Paolo) ; son entrepreneur était le célèbre Vivaldi, qui avait aussi composé l'opéra, vraiment agréable et très attrayant pour les yeux ; les machines n'étaient pas aussi luxueuses que dans l'autre théâtre, et l'orchestre moins grand, mais cela valait quand même la peine d'aller l'écouter. (...) Vers la fin, Vivaldi joua un magnifique a solo qu'il fit suivre d'une cadence (Phantasie), qui vraiment m'éblouit car on n'a jamais entendu et on n'entendra jamais plus une telle manière de jouer : il faisait monter les doigts jusqu'à ce qu'il n'y ait plus que la grosseur d'un fil qui le sépare du chevalet, ne laissant pas le plus petit espace pour l'archet - et cela sur les quatre cordes, avec des imitations (Fugen) et avec une vitesse incroyable. Il étonnait tout le monde, toutefois je ne peux pas dire que j'ai trouvé cela plaisant à entendre, car il était plus habile dans l'exécution qu'agréable à écouter."
Tiré de "Vivaldi" de Sylvie Mamy
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